Décryptage

Mettre l’égalité territoriale au cœur de l’action culturelle

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#Création #LaSacemSoutient

Langage universel et générateur de lien social, la musique est la pratique culturelle préférée des Français. Si elle fait partie de nos quotidiens elle est pourtant souvent la grande absente du débat public. On en parle peu et dans certaines régions, on ne l’entend plus. Inscrire la musique dans les politiques locales et s’engager pour un développement égal des pratiques musicales sur tous les territoires, apparaît aujourd’hui comme indispensable.

La musique joue un rôle majeur dans le bien-être et l’épanouissement des enfants comme des plus grands. Son action est multiple : elle favorise l’ouverture de l’esprit à la culture, éveille la curiosité et développe la créativité. Les Français y sont particulièrement sensibles et ce, tout au long de leur vie. Plus que cela, la musique a le pouvoir de fédérer les générations, d’unir les esprits les plus éloignés. Depuis des siècles, elle est même utilisée comme thérapie pour certains maux. De nombreuses études ont prouvé ses bienfaits sur la santé physique et mentale. Et en 2021, 80% des Français déclaraient que la musique les a aidé à relativiser pendant la crise sanitaire[1].

La musique, comme levier de la cohésion sociale dans les territoires

Loin d’être réservée à une « élite », la musique est un instrument de cohésion sociale fort et efficace. 88% des Français estiment qu’elle permet de rapprocher les gens et de vivre des expériences communes, selon une étude réalisée par Elabe pour l’association Tous Pour la Musique[2]. Les Français considèrent que les grands évènements musicaux contribuent à créer un sentiment d’appartenance et de cohésion dans la société.

« La musique a un rôle social majeur à jouer, un potentiel exceptionnel pour le vivre ensemble et l’inclusion en France. Nous souhaitons faire profiter pleinement la France et les Français des nombreuses vertus de la musique : cognitives, éducatives, économiques, sociales, républicaines. »  déclare Jean-Christophe Bourgeois, éditeur et Président de l’association Tous pour la musique (TPLM)

Malgré ce fort ancrage de la musique dans la vie des Français, certains territoires sont plus favorisés que d’autres en termes d’accès aux pratiques musicales. Dans une étude Opinionway menée pour la Sacem en novembre 2021[3], 52% des sondés déclarent qu’ils n’ont pas suffisamment accès à des lieux de musique près de chez eux.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à expliquer cet état de fait : la densité des populations, les politiques d’investissement culturel, mais aussi les moyens de celles et ceux qui diffusent des œuvres musicales, selon qu’ils sont subventionnés ou non. Plus récemment, on constate aussi une perte des habitudes d’aller au spectacle ou au concert. 63% des Français déclarent fréquenter moins qu’avant la crise les lieux de musique et pourtant, lors de cette même enquête, près d’un sur deux déclarait que les concerts leur manquaient, tout autant que la pratique de l’activité musicale en groupe ou en apprentissage présentiel. Un paradoxe.

« La situation du live est contrastée entre des spectacles qui affichent complet en quelques minutes, et d’autres qui peinent à rencontrer leur public. Il y a là un enjeu pour la diversité et le renouvellement de l’offre musicale »

Stéphane Vasseur, directeur du Réseau à la Sacem

En termes d’offre musicale, 74% des habitants des métropoles sont satisfaits de la variété de l’offre musicale de leur territoire mais seulement 55 % des habitants des territoires ruraux conclut le sondage. En effet, si les grandes métropoles bénéficient d’une vie musicale riche, en dépit des restrictions liées à la crise sanitaire qui l’ont durablement affectée, l’offre en matière de salles et d’activités musicales est trop souvent limitée dans les zones rurales.

(c) Song about summer

Lutter contre les déserts musicaux en revitalisant musicalement les territoires

Privilégier la culture dans la gestion d’une commune rurale n’est pas chose simple, d’autant plus que les territoires ruraux sont généralement caractérisés par un déficit en termes de budget et d’institutions culturelles, mais ce constat ne signifie pas qu’il ne faille pas tout mettre en œuvre pour bâtir une cohérence entre développement musical en milieu rural et à l’échelle régionale et nationale.

L’ambition se veut simple : redonner vie à la scène musicale des territoires. 49% des Français considèrent que les communes ont un rôle à jouer dans la dynamisation de la vie musicale des territoires et pour lutter contre les déserts musicaux et la concentration injuste de l’offre musicale dans les zones denses, il faudra œuvrer pour que la culture ne soit plus associée à la ville.  Au même titre que les zones urbaines, les territoires ruraux sont aussi des lieux de culture, dotés d’un fort potentiel de développement, d’innovation et de création.

Pendant la campagne présidentielle, l’association Tous Pour La Musique (TPLM) a élevé la voix et clamé haut et fort que la musique doit être au cœur de la vie des Français. A cette fin, elle a formulé plusieurs propositions labelisées #musique2022, telles que l’initiative d’une « Musique du quart d’heure » qui vise à donner accès à moins de 15 minutes de chez soi, à un lieu d’écoute, d’enseignement, de pratique ou de distribution de musique.

Parmi ses propositions pour redonner sa place à la musique au sein des territoires, Tous Pour La Musique appelle à mettre d’urgence les acteurs publics nationaux, locaux et la filière musicale autour de la table pour redonner une vision stratégique au modèle, au-delà de la dispersion des aides.

« Nous appelons à la création d’Etats généraux de la musique dans les territoires et à la lutte contre les déserts musicaux, via un maillage conçu autour de « la musique du quart d’heure »,

Jean-Christophe Bourgeois, éditeur, président de l’association Tous Pour la Musique (TPLM)

Pour en savoir plus sur les 13 propositions de TPLM.

De son côté, la Sacem apporte un soutien important aux acteurs de la filière musicale dans toute la France, en s’appuyant sur son maillage territorial et sa soixantaine de sites en région. Elle soutient non seulement les salles de concert, dont la densité est sans équivalent en France, mais aussi les festivals, qui sont présents partout dans le pays et pas forcément dans les grandes agglomérations.

« Ce sont plusieurs centaines d’acteurs que la Sacem aide directement sur l’ensemble des territoires pour des montants très significatifs : plus de 3,3 M€ encore en 2022 » précise Stéphane Vasseur.

Afin de permettre aux gens d’écouter de la musique ensemble et à proximité de leur domicile, la Sacem a également lancé le programme Tous en live, qui apporte un soutien financier à l’organisation de concerts dans les lieux les plus fréquentés comme les cafés et les restaurants. Plus d’un millier de concerts, absolument partout en France, ont été soutenus.

Regarder en vidéo le témoignage du gérant du Café du Havre à Oudon

« A ce stade, ce que l’on peut constater, c’est que le public redécouvre le plaisir de partager des émotions lors des concerts d’artistes confirmés. La Sacem poursuivra ses efforts pour soutenir ce secteur qui apporte avant tout du bonheur, de la cohésion et de la joie dans la vie des Français. » conclut Stéphane Vasseur.


[1] OpinionWay, La musique pendant la crise sanitaire, Janvier 2021

[2] Elabe, Les Français et la musique, Février 2021

[3] OpinionWay, Les Français et la musique dans les territoires, Novembre 2021

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