Points de vue de créateurs et éditeurs

Annabelle Playe – autrice, compositrice et interprète

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#SacemEtMoi

Annabelle Playe compose à partir d’instruments électroniques. Sa musique oscille entre électroacoustique, expérimentale, drone et noise. Sa recherche s’articule autour du timbre, de la physicalité du son avec une attention particulière à la structure musicale.

Expliquez-nous votre métier, en quelques mots ?

J’ai la sensation de fabriquer des mondes à partir de l’expérience musicale et de la recherche sonore. C’est la composition qui permet aussi d’accueillir l’auditrice et l’auditeur, c’est comme leur offrir un espace construit qui peut se déséquilibrer, être mouvant. C’est à partir de cet espace que l’on peut les amener vers des endroits inconnus qui ne leur sont pas encore révélés.

En quoi la Sacem est-elle indispensable pour vous ?

Tout d’abord, pour les droits d’auteur ! Ils permettent une reconnaissance, une défense de notre travail. 

À l’heure numérique, c’est très compliqué de suivre nos droits car nos musiques sont essentiellement diffusées sur internet. Beaucoup de choses nous échappent. On n’est pas forcément rémunéré pour toute les diffusions. À l’époque du disque, la valeur de la musique passait par ces supports. Durant les confinements, on a basculé sur cette forme de diffusion et les producteurs paient moins du coup. Cette dimension des droits d’auteur est très importante.

Ensuite, l’action culturelle de la Sacem est primordiale pour la création musicale, d’autant plus dans le genre artistique dans lequel je créé qui est plus confidentiel. Ma musique s’inscrit dans un temps long de recherche. Il faut s’approprier de nouveaux outils. Ces recherches sur la forme, comme sur le fonds nécessitent beaucoup de temps. Lorsqu’on passe sur des formes plus conséquentes en lien avec la danse ou le théâtre, l’action culturelle a une valeur inestimable. Nous, musiciens, sommes souvent limités à des exploitations sous la forme de concerts. Les théâtres, les scènes nationales ont peur de ces esthétiques. On a du mal à trouver des coproductions auprès de ces scènes pour des formes hybrides dans lesquelles la musique est l’axe dramaturgique central, et sur ce point, le soutien de la Sacem est très important pour nous.

Comment la Sacem est-elle utile dans votre parcours ?

Depuis 2019, un lien s’est développé de manière très forte. Ça a commencé par le dispositif DGCA-Sacem. La Sacem s’est engagée auprès du ministère de la Culture pour ce dispositif qui consiste à associer une compositrice ou un compositeur à une scène pluridisciplinaire pour deux ans. L’artiste peut conseiller la direction sur les artistes et les concerts programmés. Les autres missions sont bien sûr la diffusion des œuvres de l’artiste. Nous faisons aussi de la médiation culturelle à des fins de sensibilisation. Nous organisons des rencontres entre le public et les compositeurs ou compositrices. Il y a également un volet création. Pour ma part, il a été mis en place en 2019 et 2020. Les compositrices et les compositeurs de musique de création ont besoin de soutien car il n’en existe pas dans l’industrie culturelle. C’est important que ce dispositif favorise ces musiques. C’est une action très concrète de la Sacem. Ce dispositif m’a portée dans mon travail et a consolidé ma relation avec les Scènes Croisées de Lozère (Scène conventionnée – spectacles théâtre, musique, danse, cirque du département de la Lozère). J’ai été ravie qu’il y ait déjà une appétence pour ces musiques en Lozère et le département s’y est encore davantage ouvert. Le directeur a refait une autre demande et c’est avec une autre compositrice qu’il collabore cette année. C’est dans la continuité et la Sacem reste présente en Lozère. Ainsi, le premier dispositif a permis d’en faire naitre un second. La Sacem nous a également beaucoup soutenu avec son volet numérique en 2019 et 2020.

En 2021, grâce à la Sacem, nous étions en résidence à différents endroits, en Lozère, à Millau dans l’Aveyron ou encore au Générateur à Gentilly, en région parisienne. Des théâtres nous ont accueillis pour chercher, construire en équipe la création puis répéter. 

En quoi la Sacem vous a étonné depuis 2021 ?

D’une part, elle a maintenu ses soutiens et nous a permis aussi de répondre à des commandes d’écriture. Nous avons bénéficié d’une aide à la résidence en 2021. Je suis ravie que ça ait continué et j’espère que ça continuera encore !

Si vous deviez résumer la Sacem en trois mots ?

Soutien, écoute et innovation car dans ma musique il y a, de la part de la Sacem, une recherche d’innovation à travers des aides au numérique et à la recherche.


– Crédit photo : Quentin Chevrier –

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