Créée en 2011, French Flair se présente comme famille d’artistes réunie autour de Fabrice Martinez, Nicolas Voskoboinikoff et Pauline Gouyache. Animé par une approche artisanale et humaine, le trio met toute son énergie au service des titres et chansons de son catalogue. À l’occasion des Grands Prix Sacem 2023, les deux fondateurs nous offre leur point de vue sur leur métier d’éditeur.
Nicolas Voskoboinikoff : Il y a une donnée essentielle, c’est qu’on est un « petit » éditeur. Donc forcément on travaille avec moins d’auteurs-compositeurs que des structures plus importantes. On fonctionne aussi avec des moyens financiers différents. Tout cela nous pousse à appréhender le travail autrement. French Flair travaille très en profondeur, ce que nous ne pourrions pas faire si on signait plus.
Fabrice Martinez : French Flair n’est pas un éditeur « généraliste ». Il y a deux esthétiques musicales qui sont dominantes chez nous. Nous nous sommes développés, globalement, depuis la création de la société, autour d’une esthétique « chanson » – au sens d’une forme artistique qui allie texte en français et mélodie -, et plus récemment, nous nous sommes ouverts à des groupes de metal.
F. M. : Le canal historique de French Flair c’est la chanson française avec des auteurs-compositeurs comme Jean-Etienne Maillard, Ben Mazué, Laurent Lamarca, Antoine Graugnard ou encore Ycare notre toute première signature. On a toujours travaillé avec nos artistes sur deux pans de leur carrière : leur projet solo et ce qu’ils écrivent et composent pour les autres. Il y a une spécificité commune à nos artistes qui est d’écrire des chansons pour d’autres. C’est même souvent pour nous un critère de signature déterminant.
N. V. : Signer des groupes de metal a été une vraie récréation pour moi.On a d’abord commencé avec LANDMVRKS, puis on a progressivement étoffé notre catalogue en signant Resolve et ten56. Le metal français est un petit peu sous les radars des médias et des classements de vente de disques, mais il y a une réelle économie autour des tournées. Les artistes sont tout le temps en concert et ont énormément d’actualité. Les groupes ont des besoins d’accompagnement et ce n’est pas anodin qu’ils se tournent vers des structures comme la nôtre.
F. M. : En tant qu’éditeurs et passionnés de musique, nous sommes engagés pour le droit d’auteur. C’est fondamental. Le système de la gestion collective – tel qu’il est défendu par la Sacem – constitue pour nous la raison d’être de notre métier.
N. V. : Sans gestion, il n’y a rien qui se passe. Notre métier consiste à générer des droits d’auteur. Et si ceux-ci sont mal administrés alors c’est la catastrophe. Les artistes nous confient leur destin pour que l’on gère les choses et que l’on fasse en sorte que tout soit bien fléché, tracé et réparti.
N. V. : C’est une vraie fierté de voir que notre parcours est souligné par la Sacem. Ce prix, c’est la sanction d’un parcours réussi. Le fait que ce soit aussi une aventure entrepreneuriale – on a créé French Flair sur nos fonds propre –, ça ajoute une dimension supplémentaire à ce prix qui nous flatte. On fait un métier de l’ombre et on n’est pas spécialement habitués aux honneurs. Cette récompense est à la fois réjouissante et intimidante.
F. M. : Il me semble que c’est la seule récompense qui existe pour les éditeurs. Je suis donc très reconnaissant de recevoir ce prix. C’est d’autant plus fort pour nous, parce qu’il s’agit vraiment de notre maison d’édition. French Flair c’est notre bébé. Une structure artisanale ou on a tout fait avec nos mains. Cette mise à l’honneur lors des Grands Prix Sacem, c’est vraiment la récompense d’un certain artisanat que je vois peu dans la musique et que j’aime bien.
N. V. : Signez chez French Flair !
F. M : Je pense qu’être un auteur-compositeur de musique ce n’est pas la même chose que d’être un auteur-compositeur de musique professionel. L’idée de la professionnalisation et du réseau est parfois le mauvais moteur. Pour réussir, un artiste doit d’abord faire les chansons qui lui plaisent. Il faut tout mettre au service de son art. Quand on fait de la musique, il faut la faire sincèrement et avec toute la passion du monde. C’est le seul moteur qui compte.
N. V. : En ce qui concerne French Flair, j’espère que l’on va continuer d’être proche des artistes et des chansons comme on l’est aujourd’hui et qu’on n’industrialisera pas notre process. Si on reste dans cette vision artisanale, alors tout se passera bien.
F. M. : Pour le métier en général, j’observe actuellement que la mondialisation de la musique – le fait que les plateformes donnent accès à tous les titres simultanément à tout le monde – permet à certains styles de musique de trouver leur public beaucoup plus facilement qu’auparavant. Comme les styles musicaux répondent à des règles parfois assez différentes de l’un à l’autre, je pense qu’à l’avenir les éditeurs vont de plus en plus devoir se spécialiser.
– Crédit photo : French Flair –