Points de vue de créateurs et éditeurs

Worakls, auteur compositeur interprète

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Kevin Rodrigues alias Worakls est auteur-compositeur-interprète. Sa particularité, mêler musique électronique et musique orchestrale. Pour Regard Sacem, il est revenu sur son parcours, son amour pour la musique orchestrale et sa volonté de déconstruire les clichés autour d’elle.

Êtes-vous plutôt un DJ ou un chef d’orchestre ?

On fait souvent l’amalgame entre musique électronique et DJ.
En réalité même si ma musique a un socle électronique, je ne la joue qu’en live, et non pas sur platines. Je compose toujours en incluant de très importantes parties orchestrales et en ayant pour but de les jouer en live, sur scène, avec des musiciens. J’ai appris à diriger mon orchestre sur le tas, sans formation préalable et j’ai été particulièrement touché de recevoir de leur part ma première baguette de chef d’orchestre, pendant la dernière tournée.

Comment est née cette passion pour l’orchestre ?

J’ai commencé les cours de piano dès l’âge de 3 ans, j’ai donc eu un parcours assez « classique » jusqu’à l’adolescence et aussi loin que je me souvienne, la musique orchestrale a toujours été ce que je préférais. Quand j’étais petit, je sautais certaines chansons des disques de Disney pour n’écouter que les morceaux orchestraux. 

Plus tard, j’ai aussi écouté beaucoup de choses comme du hard rock et du métal, et c’est lorsque j’ai découvert le live S&M de Metallica et vu comment l’orchestre sublimait leur musique que le déclic s’est produit : j’ai réalisé que l’orchestre apportait quelque chose qui ne perturbait pas ou ne dénaturait pas les morceaux mais leur donnait de la profondeur et une certaine ampleur. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir mon propre orchestre composé de 25 musiciens qui m’accompagnent en tournée, dans toute l’Europe.
Je travaille tous les jours pour apprendre à améliorer ce mélange qui, je l’espère, contribuera à faire évoluer la musique dans ce sens. 

Comment et pourquoi avez-vous commencé à mélanger plusieurs répertoires ?

J’apporte beaucoup d’influences à mon écriture, dont la musique classique, la musique orchestrale et la musique électronique, mais aussi le métal, le hip-hop, etc. Donc le fait d’être pleinement moi-même dans mon écriture me permet d’avoir un style qui m’est propre. Ça ne s’est évidemment pas fait en un jour et il m’arrive encore d’avoir des déclics qui me font un peu plus comprendre ce que je veux réellement et comment progresser. 

Le milieu classique était encore un peu sceptique face à cette transformation au début. Mais aujourd’hui, plus je progresse, plus j’ai des musiciens classiques qui s’intéressent à mon travail et me disent que ma musique leur plaît, il y a aussi des orchestres plus institutionnels qui me sollicitent pour que l’on travaille ensemble.

Ça me rend aussi fier et heureux de satisfaire des amateurs d’électro, de musique classique ou de musique de film. Je suis amoureux de ces 3 genres et je ne vois pas pourquoi je devrais me cantonner à un seul.

Qu’est-ce qui explique que ces dernières années de nombreux artistes de la scène musicale actuelle se tournent vers l’écriture orchestrale ?

C’est une tendance émergente et puis il y a aussi, de plus en plus de musiciens classiques présents sur les réseaux sociaux et c’est super parce que ça leur permet aussi de toucher un public plus large. De mon côté, je veux préserver ça et c’est pourquoi je tiens à tordre cette image de la musique classique « ennuyeuse », car ce n’est évidemment pas le cas. Effectivement les codes sont un peu plus difficiles à comprendre pour les générations qui ont une culture musicale moderne mais nous, artistes, pouvons et surtout, devons renouveler cette image et ce courant.

Depuis 10 ans, vous effectuez des tournées à l’international. Comment votre musique est reçue à l’étranger ? 

Ma musique est très bien accueillie au niveau international. Je suis actuellement à Montréal où j’ai fait un concert devant 9000 personnes. Lors de la tournée Orchestra, nous sommes allés à Amsterdam, à Tbilissi, à Londres, à Berlin ou encore à Budapest, … Et on a rassemblé à chaque fois entre 4000 et 7000 personnes selon les salles. Pour être honnête, je ne m’attendais pas du tout à un tel engouement. C’était un risque de prendre ce virage orchestral car ça fonctionnait plutôt bien quand je ne jouais que de l’électro plus traditionnelle. Le public qui aimait mon penchant mélodique m’a suivi et j’ai même pu être découvert par de nouveaux auditeurs donc je suis heureux d’y avoir cru. Je pense que c’est le fait d’être allé vers quelque chose « de risqué et différent » qui a nourri ma force et mon originalité.

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